• Passer au contenu principal
  • Passer au pied de page
  • Facebook
  • Instagram
  • English

Centenaire de la radiodiffusion au canada

  • Chronologie
  • Explorez
  • Visitez
  • Restez à l’écoute
  • MOEB

100 ans de radiodiffusion à Montréal

En mai 2020, Montréal célébre le centième anniversaire d'une transmission radiophonique historique au Canada et de l’accession de la station radio XWA au titre de première station de radiodiffusion professionnelle au Canada. Cet accomplissement met à profit le génie inventif et les découvertes d’un ensemble de chercheurs internationaux dont le Canadien Reginald Aubrey Fessenden ainsi que le savoir-faire de nombreux techniciens et travailleurs montréalais. En outre, la radiodiffusion bouleverse les agents de transformation sociale et métamorphose l’ensemble de la planète. La véritable puissance de la magie des ondes venait d’être libérée.

L'exposition est maintenant fermée. Les dates d'exposition étaient de février 2020 à février 2023.

MOEB exposition temporaire

Avant 1919 – Ère des pionniers

Les pionniers Expand

L’histoire de la radio est marquée par les découvertes de nombreux chercheurs célèbres dont le Français Édouard Branly (1844-1940), l’Anglais John A. Fleming (1849-1945), l’Autrichien Nikola Tesla (1856-1943), le Russe Alexandre S. Popov (1859-1906), l’Américain Lee DeForest (1873-1961) et l’Italien Guglielmo Marconi (1874-1937). À ceux-ci s’ajoute le Canadien Reginal A. Fessenden (1866-1932),  premier à transmettre des paroles et de la musique sur les ondes radio. En permettant de passer des émetteurs à étincelles aux tubes à vide et aux ondes continues, ces inventeurs ont créé les bases du fonctionnement de la téléphonie sans fil qu’on nomme aujourd’hui la radio.

Guglielmo Marconi au Canada Expand

Guglielmo Marconi (1874-1937). Source: Wikipedia

Personnage central du développement de la radio à l’échelle mondiale, Guglielmo Marconi marque tout particulièrement l’histoire canadienne et montréalaise, en y réalisant plusieurs expériences marquantes. Citons d’abord la première transmission outre Altantique d’un signal en code Morse réalisée en 1901 entre la ville de Poldhu en Angleterre et Signal Hill sur l’île de Terre-Neuve. À peine deux ans plus tard, après avoir obtenu une charte d’entreprise canadienne pour la Marconi Wireless Telegraph Company of Canada (MWTC), l’inventeur italien s’installe rue Notre-Dame à Montréal. C’est dans cette ville que se développe l’expertise qui mène à la création de la station radio XWA d’abord expérimentale puis commerciale.

La télégraphie sans fil s’impose Expand

Gravure de Willy Stöwer (1864-1931)

Au cours des années suivantes, l’intérêt pour la télégraphie sans fil se développe dans le domaine de la navigation maritime ainsi que dans les milieux scientifiques et de l’éducation. À cette époque, survient le naufrage du Titanic qui établit incontestablement l’utilité de cette invention. Ainsi, des centaines de vies sont sauvées le matin du 15 avril 1912 et l’intérêt public pour cette nouvelle technologie s’en trouve stimulé.

Contributions de Reginald Audrey Fessenden Expand

Alors que Marconi travaille à développer la capacité d’envoyer des signaux télégraphiques par ondes radio sur de grandes distances, des recherches viennent confirmer qu’il est possible de transmettre la voix sur ces mêmes ondes. En décembre 1900, le canadien Reginald A. Fessenden réussit à transmettre sa voix entre le Maryland et la Virginie 80 kilomètres plus loin. Six ans plus tard, Fessenden devient le premier à transmettre sur les ondes à la fois voix et musique, entendus avec surprise sur plusieurs vaisseaux en mer. La transmission par modulation de l’amplitude des ondes, appelée communément « AM », vient d’être inventée. Toutefois son utilisation ne se répandra qu’après la Première Guerre mondiale.

1919-1928 – Débuts de la radiodiffusion

La station XWA marque l’histoire Expand

Édifice Marconi, rue Williams à Montréal (années 1920). Source: inconnue

Créée durant la première grande guerre, la station XWA (experimental wireless apparatus) de la MWTC est la première à recevoir une licence expérimentale vers 1914-1915. En 1919, elle devient aussi la première au Canada à être autorisée à expérimenter la transmission civile et à entrer en ondes, la classant parmi l’une des premières stations de radiodiffusion au monde.  L’année suivante, soit le 20 mai 1920, elle marque son époque et réalise avec succès une transmission annoncée d’avance entre Montréal et Ottawa, une première canadienne. Se voyant accorder une licence commerciale, XWA devient en 1922 la station CFCF (Canada’s First, Canada’s Finest).

Herbert Samuel Berliner s’intéresse à la radio Expand

On doit faire mention ici de la collaboration qui s’installe dès décembre 1920 entre la station XWA et Herbert S. Berliner, fils ainé d’Emile Berliner. Passionné de radio, Herbert organise la diffusion hebdomadaire d’enregistrements musicaux de la série His Master’s Voice en collaboration avec la station montréalaise XWA.

 

Avis dans The Gazette, 1920.

 

Traduction de l'image:
Les disques "His Master's Voice" (La voix de son maître) par téléphone sans fil

En accord avec la Marconi Wireless Telegraph Co. du Canada, un “His Master’s Voice” concert Victrola, présentant les sélections les plus récentes et les plus populaires, sera donné ce soir et chaque mardi de 20 à 21 heure, pour le bénéfice des étudiants sans fil. Ceux qui possèdent des "Amplificateurs" peuvent organiser pour leurs amis un événement à la fois original et intéressant.

Il existe de nombreuses stations de réception radio à Montréal et dans les environs qui peuvent recevoir des communications téléphoniques sans fil. Cherchez-en un dans votre quartier. Découvrez qui sont vos amis qui pourraient en avoir un.

Les stations situées dans un rayon de deux cents miles de Montréal devraient pouvoir profiter de ces concerts par téléphone sans fil, car chaque disque sera entendu aussi clairement et distinctement que s'il était joué sur votre propre Victrola dans votre propre maison.

Les capitaines et les officiers des navires au port sont invités à profiter de ce divertissement à bord de leurs navires. Les opérateurs se règlent sur 1 200 mètres.

Engouement pour la radio Expand

En 1922, le gouvernement du Canada autorise la radiodiffusion commerciale. Cette même année, à la station CFCF de Marconi s’ajoute la station CJBC de Dupuis Frères, suivie bientôt d’autres stations telles CKAC du journal La Presse, CHYC de Northern Electric et CFUC de l’Université de Montréal. Malgré la rareté initiale des récepteurs et les limites de leur performance, dès lors l'engouement pour la radiodiffusion prend son essor rapidement. Au Canada, en dix ans, on passe d’un peu plus de 1 000 récepteurs à 750 000. Soutenue par la diversification des émissions offertes, les améliorations technologiques et l’ouverture sur le monde, la radio s’apprête à connaitre son âge d’or.

CKAC Radio News, 1924. Source : La Presse

Traduction de l'image:
Le Studio de CKAC est inégalé dans sa beauté – le décorateur d’intérieur était vraiment inspiré. Notez le microphone et le support au premier plan.

L’organe de studio est une œuvre d’art en soi. Ses tons doux sont captés par le microphone au premier plan et reproduits parfaitement pour les oreilles critiques.

Le personnel de CKAC est entièrement bilingue. Nous introduisons, de gauche à droite, Arthur Dupont, Assistant Annonceur; Leonard Spencer, Assistant Technique; J.N Cartier, Directeur et Chef Annonceur; A. Lebeau, Maître de Cérémonie; et assis, J. P Callaghan, connu par les enfants sous le nom de Radio Père; Mary Brotman et Nora O’Donnell, les sténographes les plus occupés à Montréal.

La salle de contrôle est montrée sur la photo a la droite. A partir de là, le grand émetteur est fait pour "faire son truc" et le faire d'une manière à votre goût. Il est soigneusement trafiqué sur l'onde de 425 mètres et n'est pas autorisé à errer. La surmodulation n'est jamais autorisée.

Voici l'émetteur et c'est un nouveau, d'une puissance de 7 ½ kilowatts ! Voyez les beaux gros tubes! Il est rare qu'ils travaillent dur, mais lorsqu'ils sont relâchés, on ne sait pas à quel point CKAC sera entendu en Europe.

Programmation à développer Expand

Le boxeur Jack Dempsey au microphone à la station de radio CFCF en 1922. Source: Bibliothèque et Archives Canada C-066695

En 1924, CFCF et CKAC ne diffusent que quelques heures par jour principalement en soirée. À compter du moment où les stations de radio entreprennent de diffuser sur une base quotidienne, le besoin de développer une programmation intéressante se fait sentir. La diffusion de musique prend alors une place importante, alors que les stations dotent leurs studios de pianos, d’orchestres et même d’un orgue Casavant dans le cas de CKAC. Les émissions de nouvelles, les causeries et la diffusion d’événements sportifs dont la boxe et le hockey deviennent aussi très populaires. Une expérience de radiothéâtre est tentée à CKAC dès 1923. Enfin, les émissions consacrées à la politique et les publicités s’ajoutent bientôt à l’offre. La radio devient un outil de promotion et d’animation sociale.

1929-1938 – Âge d’or de la radio au Canada

Croissance phénoménale en temps de crise Expand

La grande dépression de 1929 entraîne l’effondrement de la majorité des secteurs économiques. Par contre, la radio s’apprête à connaître un essor inattendu. En effet, marquée par la chute des prix de vente et l’augmentation des besoins de réconfort, d’accès à l’information en temps réel et de divertissement, la radio devient un bien jugé essentiel par ceux qui, malgré la crise, disposent de quelques ressources. L’industrie de la radio reconnaît ce contexte et travaille à améliorer toutes les facettes de son produit. Toutefois, dès la fin de la crise, les prix remontent; certains modèles de radios redeviennent des symboles de prestige.

Mise à profit de technologies plus performantes Expand

À la suite des nombreux développements technologiques des années 1920, les appareils de radio des années 1930 s’avèrent désormais plus faciles à faire fonctionner et plus performants que jamais. Par exemple, le Torontois Edward S. Rogers fait breveter une invention qui permet l’utilisation du courant alternatif en matière d’alimentation en électricité et élimine ainsi les encombrantes batteries. D’autres améliorations telles que des microphones électriques plus sensibles, des tubes de réception et d’amplification de signaux ainsi que des récepteurs superhétérodynes créent une percée extraordinaire. Grâce à l’accès aux ondes courtes, les utilisateurs ont désormais l’embarras du choix de stations ou de contacts.

Publicité pour récepteurs Rogers, 1926. Source : Canadian Homes and Gardens

Traduction de l'image:
Radio sans batterie, sans produits chimiques, sans antenne

Construit comme une unité - Fonctionné comme une unité
Un instrument complet et compact - scientifiquement correct dans sa conception et sa construction - simple dans son fonctionnement
Avec un record de fiabilité et de performance prouvée dans des milliers de foyers canadiens!

Au début de l'année dernière, "Rogers-Batteryless" a fait œuvre de pionnier dans le domaine de la radio sans l'utilisation de batteries, de produits chimiques ou d'antenne. Fatigués des batteries en désordre et des radios avec de réception mal, les utilisateurs se sont tournés avec enthousiasme vers "Rogers-Batteryless". Les sceptiques et les hésitants de la radio ont reconnu ce qu'ils attendaient dans "Rogers-Batteryless" De toutes les régions du Canada sont arrivées des lettres de remerciements et des témoignages de réception à longue distance, prouvant la capacité et la facilité exceptionnelles de "Rogers-Batteryless". Voici un ensemble de réception pour ceux qui cherchent à profiter pleinement de la radio, avec l'assurance d'une puissance et d'une uniformité de performance constantes - et la plus grande facilité. "Rogers-Batteryless" a ouvert la porte à la satisfaction complète de la radio dans des milliers de foyers, et peut-être dans le vôtre aussi. Demandez au concessionnaire sélectionné près de chez vous de vous faire une démonstration à votre domicile. Ensuite, jugez.

Fonctionne à partir du courant d'éclairage de votre maison, soit 25 ou 60 cycles.

Toute prise murale ou de lampe dans votre maison fonctionnera "Rogers-Batteryless".

*Écrire aujourd'hui pour les preuves - Une collection de lettres de clients qui ont prouvé la fiabilité et les performances exceptionnelles des ensembles "Rogers-Batteryless", en fonctionnement quotidien, dans des conditions variables à travers le Canada. Adresse de notre bureau, 90 Chestnut St., Toronto, 2.

Les postes de radio "Rogers-Batteryless" sont logés dans des armoires de conception artistique aux finitions soignées, qui s'harmoniseront avec n'importe quel schéma décoratif. Les prix varient de 140 à 395 dollars complets. (Légèrement plus élevé à l'ouest de Fort William). Si vous ne connaissez pas le revendeur "Rogers-Batteryless" près de chez vous, veuillez nous écrire pour connaître son nom.

Programmation de plus en plus diversifiée et raffinée Expand

Au plan de la programmation offerte, le public bénéficie également de nombreuses améliorations tant en termes de diversité que de qualité des émissions présentées. Les services de nouvelles sont mieux organisés et les émissions animées par des gens plus expérimentés. Les pièces de radiothéâtre et les radioromans se multiplient et s’adaptent de mieux en mieux au médium de la radio et aux goûts du public. Il en va de même pour les émissions sportives, les publicités, les émissions politiques et d’intérêt public. Des émissions à caractère religieux naissent de l’intérêt local tout comme des émissions éducatives.

Réseau pancanadien de stations Expand

Au cours des années 1920, on assiste à la création d’un réseau de stations radiophoniques par la Compagnie des chemins de fer nationaux du Canada (CN). En 1924, on n’en compte pas moins de neuf réparties à travers le pays. Désormais, les passagers des trains peuvent bénéficier de ce service de même que ceux qui habitent à proximité de ces stations. En 1932, à la suite des recommandations de la Commission Aird chargée d'étudier l'impact de la radio américaine sur le Canada, le gouvernement rachète les stations du CN afin de créer un premier réseau radiophonique d'État au Canada. Ce réseau est à nouveau transformé en 1936 pour donner naissance à la Société Radio-Canada.

Retransmission des Jeux olympiques à Berlin Expand

Caméra de télévision Olympia Cannon, 1936. Source : Badische Zeitung

Au cours des années 1930, le monde de la radiodiffusion est propulsé par un événement qui démontre de façon incontestable le plein pouvoir de la radio, à savoir la tenue des Jeux Olympiques à Berlin en 1936. À cette occasion, profitant d’une qualité du son exceptionnelle, quelque 300 millions de personnes vivent la première expérience concrète de partage d’un événement sportif international en temps réel. En outre, les Jeux de Berlin voient se réaliser la première télédiffusion de cet illustre rendez-vous sportif. Les Jeux ne seront plus jamais les mêmes.

1939-1948 – Seconde Guerre mondiale

La radio devient outil de propagande Expand

Comme le laisse présager les Jeux Olympiques à Berlin, une guerre de propagande s’enclenche à l’échelle planétaire dès le début de la Deuxième Guerre mondiale. En plus de servir d’outil de communication pour les militaires, la radio devient une arme entre les mains de commentateurs astucieux qui s’en servent pour miner le moral des troupes ennemies. Partout, aussi bien au Canada, en Europe qu’en Asie, on rapporte des cas de désinformation, d’intimidation et de propagande. Au Japon, pour contrôler les transmissions américaines importunes, on ordonne le retrait de certains canaux des postes de radio au pays. En France occupée, les résidents doivent remettre leurs récepteurs aux autorités de l’Occupation.

Carte Radio RCA Victor pendant la 2e Guerre mondiale. Source : Musée des ondes Emile Berliner

Participation aux efforts de guerre Expand

Roland Lebrun (dit le Soldat Lebrun). Source: Wikipedia

Durant quelques années, toute production de radios domestiques est interrompue à Montréal. Les entreprises du secteur de la radio consacrent leurs énergies aux efforts de guerre. Ensemble, Marconi, RCA Victor, Northern Electric et Westinghouse partagent la production de radios militaires, de lampes et autres équipements électroniques. Du côté des stations de radio, un phénomène comparable se produit : le contenu des pièces de radiothéâtre et les radioromans commence à tourner autour du thème de la guerre.  À la même époque, le Soldat Lebrun devient la vedette musicale du jour pour un temps.

Correspondants de guerre Expand

En 1939, lorsque débute la Seconde Guerre mondiale, la Société Radio-Canada (SRC) n’existe que depuis à peine trois ans et ne dispose pas encore de service d’information proprement dit. Pour réaliser ses reportages, elle dépend des services extérieurs dont l’agence de nouvelles Canadian Press. Cette situation change du tout au tout au cours des années suivantes, alors que la SRC développe son propre Service des nouvelles et envoie de nombreux correspondants de guerre en Europe. Parmi ceux-ci, se trouvent plusieurs journalistes qui ont marqué l’histoire de la radio au Québec dont, entre autres, Marcel Ouimet (1915-1985) et René Lecavalier (1918-1999). Pour sa part, René Lévesque (1922-1987) y fera des reportages pour The Voice of America et sera plus tard correspondant de guerre en Corée.

Début d’un retour à la normale Expand

Une fois la guerre terminée, la production de postes de radio domestiques peut enfin reprendre. On en profite alors pour écouler le matériel mis de côté quatre ans plus tôt car, après plusieurs années de rationnement, l’accès aux matières premières reste encore limité.  Les premiers modèles d’après-guerre présentent souvent des boîtiers en bois ou en bakélite qui rappellent les modèles d’avant-guerre. On ne profite pas encore des extraordinaires progrès techniques réalisés durant la guerre. Ce contexte va bientôt changer grâce à l’émergence de nouveaux matériaux et d’un nouveau sens de l’esthétique.

1949-1958 – Vers la maturité

La radio devient objet de consommation Expand

Parmi les phénomènes économiques et sociaux observés après la fin de la Deuxième Guerre mondiale, on distingue l’émergence de la société de consommation. Sous l’effet du développement de nouvelles stratégies de mise en marché et de publicité, on assiste à une croissance considérable de la production de biens de consommation en tous genres. Les appareils radio y occupent une place privilégiée. On les retrouve dans les automobiles, dans les bureaux, dans les salons et cuisines et même dans les chambres à coucher sous forme de réveille-matin.

Publicité pour une radio pour la voiture.

Impact des 45 tours Expand

Sous l’influence de la radio au tournant des années 1950, on observe une augmentation importante du nombre de vedettes dans le domaine de la musique tant locale qu’internationale. Au même moment sur le marché du disque, apparaissent les premiers microsillons et, en particulier, les 45 tours inventés par la compagnie RCA Victor. L’achat de disques devient abordable pour tous. Ces disques de petit format métamorphosent les jeunes en d’importants consommateurs de musique au même titre que les adultes. Ces changements socioéconomiques se répercutent bientôt sur les ventes et la prolifération des appareils radio : ceux-ci deviennent très abordables grâce aux transistors.

Professionnalisation de l’offre Expand

Fort des nombreuses expériences vécues au cours de ses 30 premières années, le monde de la radiodiffusion connaît une croissance remarquable au cours des années 1950. Toutes les facettes de sa programmation se professionnalisent et gagnent en qualité, en diversité et en enthousiasme. Les radioromans, les émissions de nouvelles, la couverture d’événements sportifs et les tribunes téléphoniques sont désormais préparés et animés par des gens formés aux exigences du métier. L’un des grands succès de l’époque est le Chapelet en famille animé par le cardinal Paul-Émile Léger, qui restera en ondes jusqu’en 1970.

Arrivée de la télévision Expand

Télévision Motorola 7VT2. Source : Musée des ondes Emile Berliner

La décennie des années 1950 marque l’arrivée de la télévision au Québec et au Canada. Cette autre forme de diffusion sur les ondes radio existe depuis les années 1930. Elle avait fait l’objet d’essais, même à Montréal, entre autres à CKAC. Cependant, elle a vu son implantation retardée par différents facteurs dont les années de guerre. L’engouement pour ce nouveau média s’avère foudroyant, alors que le nombre de foyers équipés d’un téléviseur passe d’à peine 3% en 1951 à 85% en 1957. Mettant à profit l’expérience acquise dans le domaine de la diffusion radiophonique, la télévision prend rapidement une place privilégiée grâce à sa riche programmation.

Miniaturisation à la rescousse de la radio Expand

Désormais en compétition avec la télévision, l’industrie de la radio éprouve un léger ralentissement au milieu des années 1950, mais celui-ci est de courte durée. Une nouvelle invention s’apprête à propulser le monde de la radio vers des sommets insoupçonnés. Il s’agit du transistor mis au point aux États-Unis en 1947. Il mène à la création du premier radio à transistors, le Regency Modèle TR-1 de Texas Instrument, en 1954. À partir de ce moment, le transistor permet de fabriquer des récepteurs radio légers et véritablement portatifs.

Radio transistors. Source : Musée des ondes Emile Berliner

https://radio100.moeb.ca/wp-content/uploads/2020/09/IMG_2165.mp4

Carillon utilisé par la station CFCF. Exposé au Musée des ondes Emile Berliner.

1959-1968 – La radio FM s’impose

Invention des circuits intégrés Expand

Les recherches en miniaturisation se poursuivent. À la fin des années 1950, une nouvelle étape mène aux circuits intégrés aussi appelés puces électroniques. Ces circuits ouvrent la porte au développement d’une toute nouvelle génération d’appareils électroniques, incluant les radios et les téléviseurs, mais également les ordinateurs personnels et les téléphones portatifs qui apparaîtront au cours des décennies suivantes.

 

Circuit intégré. Source : Musée des ondes Emile Berliner

Le FM prend sa place sur les ondes Expand

Bien que la radio FM ait été inventée en 1933 par l’américain Edwin Armstrong, elle ne devient véritablement populaire qu’au cours des années 1960. Les recherches sur la transmission de musique en stéréo, possible sur les ondes FM, contribuent à l’engouement.  Dans la région montréalaise, des stations FM de Radio-Canada voient le jour à la fin des années 1940 ainsi que quelques stations privées dont CKVL-FM. Quelques années plus tard, la bande AM est saturée, ne permettant plus l’ajout de nouvelles stations. C’est alors que s'installent plusieurs nouvelles stations FM. Ainsi, Jean-Pierre Coallier se lance en 1968 dans l’opération d’une station FM, CFGL-FM de Laval, La radio qui parle et qui chante. Il s’ensuit un grand déblocage pour le plus grand plaisir des mélomanes.

La radio devient une pièce d’équipement standard Expand

Présente dans les automobiles de luxe depuis les années 1930, la radio devient une pièce d’équipement standard à compter du début des années 1960. Au fil des décennies, on la combine à d’autres équipements de diffusion de musique, mais conserve sa place de choix sur le tableau de bord des voitures. Au début des années 1960, RCA Victor combine le radio à un tourne-disque pour 45 tours. Vers le milieu de la décennie, les autoradios avec magnétophone à bande 8 pistes deviennent populaires, suivis de ceux qui incorporent à la fois la bande AM et la bande FM. Suivront les combinaisons avec les magnétophones pour cassette (années 1970) et les lecteurs de CD (années 1980).

Tourne-disque pur 45 tours avec radio. Source : Musée des ondes Emile Berliner

Apparition des réseaux radiophoniques Expand

Les années 1960 sont marquées par une autre transformation significative de la radio : la création en 1967 du réseau panquébécois de stations Radiomutuel et quelques années plus tard du réseau Télémédia. La première de ces entreprises prend pour tête de réseau la station CJMS à Montréal et la seconde, celle de CKAC. En standardisant certaines émissions à travers leurs stations, entre autres les bulletins de nouvelles, ces deux entreprises vont connaître un grand succès. On note toutefois une perte au niveau de la saveur régionale des stations, alors que s’accentue l’attrait de la métropole pour les artistes régionaux.

Conquête de l’espace Expand

Dernier fait marquant de la décennie des années 1960, le début de la conquête de l’espace va mener à des transformations technologiques à peine imaginables. En 1961, le président des États-Unis, John F. Kennedy, lance l’idée de se rendre sur la Lune. Déjà à Montréal, on travaille à la création d’un premier satellite, Alouette 1, envoyé dans l’espace en 1962. Suivront Alouette 2 en 1965, ISIS 1 en 1969 et ISIS 2 en 1970. Ces premiers satellites pavent la voie à la création de la série de satellites Anik destinés à offrir aux Canadiens des services de téléphonie, de radio et de télévision au début des années 1970.

1969-1978 – Impact des premiers satellites de communication

Invention des microprocesseurs Expand

Les recherches scientifiques ont amené les transistors, puis les circuits intégrés. En 1971, on voit apparaître les premiers microprocesseurs. Il s’agit de circuits intégrés si performants qu’ils incorporent en un seul circuit toutes les composantes de processeurs jadis composés de circuits et autres composantes interconnectés. Grâce aux microprocesseurs, non seulement atteint-on de nouveaux sommets de miniaturisation, mais aussi à moindre coût, en consommant moins d’énergie et en augmentant à la fois les vitesses d’exécution et la fiabilité des appareils. Pour plusieurs, l’invention du microprocesseur marque le début d’une toute nouvelle révolution industrielle.

Impact des satellites Anik Expand

Satellite Anik. Source : Musée des ondes Emile Berliner

Lancé en novembre 1972, le satellite Anik A-1 devient le premier satellite de communication domestique géostationnaire au monde. Il est suivi 5 mois plus tard par Anik A-2 et, en 1975, par Anik A-3. Ils couvrent un territoire qui s’étend des villes de Victoria, Vancouver et Whitehorse à l’ouest, Saint-Jean, Terre-Neuve à l’est,  Winnipeg et Toronto au sud et au-delà des Territoires du Nord-Ouest au nord. Ces satellites permettent la retransmission d’ondes reçues de sources individuelles à l’ensemble du territoire canadien. Il devient désormais possible de communiquer avec les endroits les plus éloignés au pays. Cette capacité explique en grande partie l’intérêt du Canada pour l’aérospatiale.

Capacité d’action maximisée Expand

L’avènement de moyens permettant d’être à l’écoute de la planète tout entière en temps réel ou presque a tôt fait d’influencer la programmation des stations de radio d’ici et d’ailleurs. L’impact est immédiat sur les nouvelles et la couverture médiatique d’événements qui comportent désormais un contenu international quotidien. Grâce à plus de facilité d’accès outre-mer, la programmation d’émissions culturelles, musicales, sportives et autres se diversifie. Les collaborations entre diffuseurs et interlocuteurs des quatre coins de la planète se montrent de plus en plus fréquentes. La radio et la télévision deviennent des outils d’ouverture sur le monde.

1979-1988 – 10 ans de profonds changements

Ère des télécommunications par satellites Expand

Lentes à se frayer un chemin jusque dans nos maisons, les technologies de transmission par satellite demeurent coûteuses et encombrantes au cours de la décennie des années 1970. L’industrie de la télévision par satellite se développe, mais elle reste peu populaire. À partir du début des années 1980, les prix chutent et les antennes paraboliques deviennent de plus en plus petites et performantes. Jusque-là acheminés par voie de réseaux terrestres de microondes, les signaux de télévision profitent des avancées technologiques pour passer désormais par des satellites en orbite. Au Canada, c’est la chaîne CBC–Radio-Canada qui ouvre le bal dès 1979.

Avènement des ordinateurs personnels Expand

La période des années 1980 restera dans les annales de l’Histoire. Grâce à la miniaturisation, l’époque voit les ordinateurs passer des mains presque exclusives de grandes entreprises et institutions à celles des simples citoyens. Bien qu’il ne s’agisse pas là d’un phénomène associé à la radiodiffusion, ce changement transforme du tout au tout le mode d’accès à l’information, aux nouvelles et aux divertissements. Les réseaux de radiodiffusion traditionnels, initialement peu affectés par l’arrivée des ordinateurs, voient des stations commencer à s’en équiper.

Révolution d’Internet Expand

À compter de 1983, un nouveau mode de communication fait son apparition. Il s’agit d’Internet, le réseau informatique mondial, consistant en un réseau de réseaux qui rend accessibles des services divers et variés dont, entre autres, le courrier électronique. Lent à faire sentir son impact vu le nombre limité d’ordinateurs qui y sont connectés, estimé à seulement 10 000 en 1987, Internet mène toutefois à de toutes nouvelles manières d’interagir entre entreprises et individus à l’échelle planétaire. L’ordinateur entre désormais en compétition directe avec le secteur de la radiodiffusion. Il devient un outil exceptionnel pour la recherche d’information et de divertissements littéraires, sonores et visuels.

1989-1998 – Ère du World Wide Web

L’ordinateur personnel prend sa place Expand

Au cours de la dernière décennie du 20e siècle, l’ordinateur personnel devient un bien de consommation incontournable. Dès 1989, on parle de 100 000 appareils connectés à Internet, 10 fois plus que 3 ans auparavant. Ce nombre passe à 36 millions en 1996. Aujourd’hui, un peu plus de 20 ans plus tard, on estime à plus de 4,15 milliards le nombre d’internautes à l’échelle mondiale. À l’image de la radio des années 1930, de la télévision des années 1950 et de la radio transistor des années 1960 et 1970, l’ordinateur personnel s’ajoute désormais aux agents technologiques de transformation de nos sociétés.

World Wide Web Expand

Parmi les développements qui ont rendu les ordinateurs personnels si populaires, on doit citer l’arrivée du World Wide Web (la Toile,  www, le web) en 1990. Ce système hypertexte public qui lie les pages web entre elles permet de consulter des pages web accessibles avec un navigateur sur des sites partout dans le monde. En d’autres mots, il donne accès à tous les internautes du monde à toutes les données rendues disponibles sur Internet par d’autres internautes. Ce niveau d’accès à l’information locale, national et internationale n’a d’égal que la difficulté à déterminer la véracité des informations accessibles.

La radio au 21e siècle

La radio s’adapte aux ordinateurs Expand

En l’an 2000, on a estimé à 368 540 000 le nombre d’ordinateurs connectés à Internet. L’ordinateur personnel est devenu l’outil de communication par excellence. On y trouve désormais des stations webradio qui offrent des contenus souvent ciblés pour des publics spécifiques. Ce format est aussi très populaire auprès des stations FM qui apprécient pouvoir diffuser via Internet. En radiodiffusion, certaines stations demeurent classiques, alors que d’autres diffusent en ligne une programmation variée, tantôt généraliste, tantôt à contenu principalement musical.

Ordinateurs dans la paume de sa main Expand

À la fin du 20e siècle, l’information en ligne et la communication entre individus sont déjà bien desservies par les ordinateurs personnels. Le 21e siècle voit apparaître les téléphones intelligents. Ces appareils aux multiples fonctions dont la téléphonie mobile, les caméras et les vidéoscopes jouent également le rôle de petits ordinateurs portatifs. En passant par Internet, ils permettent toute la gamme des échanges possibles entre internautes : message texte, appel téléphonique, photographie, vidéo à des coûts des plus raisonnables. En 2014, les ventes de ces téléphones dépassaient le milliard d’unités.

Téléphone portable Sony Ericsson série Z, avec écouteur Bluetooth. Source : Musée des ondes Emile Berliner

Conclusion

Lorsqu’on tient compte du créneau qu’occupent les ordinateurs et les téléphones intelligents dans le quotidien des gens, on pourrait penser que l’intérêt pour les stations radiophoniques traditionnelles risque de s’effriter. Pourtant, il n’en est rien. La radio demeure l’outil par excellence pour découvrir de nouvelles musiques et se garder au fait des dernières nouvelles. 

Le fait est que les stations radiophoniques s’adaptent. Par exemple, elles figurent désormais parmi les postes disponibles sur nos téléviseurs. Par ailleurs, les émissions matinales qu’elles diffusent, tout comme celles animées en cours de journée par des personnalités et comme les tribunes téléphoniques en soirée, demeurent très populaires, en particulier chez les automobilistes. Grâce à l’apparition de systèmes reliés à Internet dans les automobiles depuis 2014, on note une multiplication des stations de radio Internet.  

Il y a cent ans, lorsque furent réalisées les premières expériences de radiodiffusion à Montréal, on était loin de se douter de l’impact qu’auraient celles-ci sur notre société. Forts de ce premier siècle de changements importants, on est endroit de se demander aujourd’hui ce qu’auront à raconter nos descendants dans cent ans d’ici.

Complétez votre visite

La chronologie dans le menu principal accompagne le contenu de cette exposition. Vous pouvez l’utiliser pour explorer les objets exposés au musée, ainsi que le contexte historique, culturel et technologique qui les entoure.

Poste d'écoute

Écoutez quelques extraits d'émissions populaires de l'âge d'or de la radio montréalaise!

https://radio100.moeb.ca/wp-content/uploads/2020/08/AudioClipsFA.mp3

[00:00] Canadian Confederation Diamond Jubilee (1927)

[01:14] Le Club sportif (1939)

[02:44] Entrevue Be Hive Michel Normandin et Maurice Richard (1950)

[04:06] 400e but M Richard (1954)

[04:54] Finale Coupe Stanley Boston-Montreal (1953)

[06:16] Les Canadiens gagnent la Coupe Stanley (1993)

[07:23] The Velvet Touch sur CFRB (1950)

[07:52] Un homme et son péché (1948)

[10:00] Marcel Ouimet à Londres (1943)

[11:38] Rationnement Roger Baul (1942)

[13:00] Liberation de Paris (1944)

[14:22] Acquisition de CJAD (1960)

[15:09] La Rumba des radioromans (1940)

[15:52] Conclusion émission CKVL (196?)

[16:32] Willie Eckstein jouait du piano

Listening Station

Poste d'écoute dans l'exposition temporaire.

Crédits et remerciements

L'exposition « 100 ans de radiodiffusion à Montréal » a été conçue et réalisée par le Musée des ondes Emile Berliner.

Concept : Anja Borck
Rédaction des textes : Michel L. Forest
Traduction : Emily Smith; Révision : Louise Cousineau et Robert Ronald
Conseiller technique : Alain Dufour, SQCRA
Recherche iconographique : Michel L. Forest, Alain Dufour et Anja Borck
Design : Karine Chartrand et Martin Desrochers
Production : Adam van Sertima, Karine Chartrand et Martin Desrochers
Production numérique : Groupe Toumoro Inc. / Benoit Dubuc
Gestion de la production numérique pour le MOEB : Mariana Mejia Ahrens
Équipe de soutien : Bénévoles et étudiants en stage au MOEB : Robert Adamczyk, Daniel Barrière, Jean Bélisle, Charlotte Bisanz, Anthony Caporali, Antoine Cloutier-Bélisle, Marc Donato, Daniel Labelle, Jean Marcotte, Maurice McDuff, Robert McDuff, Serge Morin, Laval Rhainds, Mariam Salaymeh, Emily Smith, Pierre M. Valiquette

MOEB logo
logo-montreal
Québec_logo
logo-canada

L'exposition a bénéficié d’un appui financier du programme « Patrimoines montréalais : une mise en valeur dans les quartiers », un programme financé dans le cadre de l’Entente sur le développement culturel de Montréal conclue entre la Ville de Montréal et le gouvernement du Québec et de l'appui de généreux donateurs du Musée.

La production numérique a bénéficié d’un appui financier du gouvernement du Canada dans le cadre du programme « Développement des communautés par le biais des arts et du patrimoine » de Patrimoine Canadien.

Footer

Presse     |     Joignez-nous     |     Plan du site     |     Crédits

  • Facebook
  • Instagram

Lauréat du Prix d’histoire du Gouverneur général 2020.

Copyright © 2023 · Musée des Ondes Emile Berliner